PAR QUENTIN PARISIS

Arrivée en fanfare dans la métropole, Thierry Henry a permis à son nouveau club d’obtenir une résonnance médiatique inédite. Pourtant, côté terrain, il aura beaucoup à prouver, tandis que le directeur sportif Olivier Renard sera lui aussi observé de près après ce choix ambitieux et inattendu.

Autant le dire tout de suite, l’Impact a frappé un grand coup avec Thierry Henry. Le retentissement de cette nouvelle ? Mondial, rien de moins. Selon les chiffres dévoilés par Influence Comm le soir de la nomination, 1914 articles et reportages ont été publiés dans les médias « traditionnels »  repartis dans 25 pays.  Plus de 365 millions de personnes ont été touchées sur le seul Twitter. L’Impact a fait parler de lui partout, et pour les bonnes raisons. La résonnance fut telle que le club des Alouettes de Montréal a été forcé de déplacer son bilan de fin de saison pour ne pas tomber dans les oubliettes médiatiques malgré une campagne 2019 qui est allée bien au-delà des attentes.

Partout sur la planète, l’Impact de Montréal est désormais vu comme le club qui a donné la chance à l’un des plus grands joueurs de devenir l’entraîneur qu’il aspire à être. L’un des plus grands là aussi. Bien sûr, l’épisode raté monégasque est toujours là. Il le sera toujours. Pourtant, à l’analyse la situation, il peut encore être considéré comme un faux départ, un accident de parcours dont l’origine se trouve dans le fait que Thierry Henry ait fait le choix du cœur plutôt que celui de la raison. C’était une première dans son immense carrière, et sans doute aussi une dernière. Car le choix de l’ancien buteur d’Arsenal de se (re)lancer en MLS et à l’Impact de Montréal apparaît comme une décision pleine de bon sens. Il y trouve un environnement favorable à son développement autant qu’un championnat compétitif. Il y a joué plusieurs saisons, a remporté le Supporter’s shield, connaît ses spécificités tant administratives que compétitives.

Il ne faut néanmoins pas s’y tromper : le défi montréalais est, pour lui, de taille. Il n’aura pas le droit à l’erreur s’il veut poursuivre sa carrière sur un banc de touche. Un échec à Montréal, et le rebond ne sera sans doute plus possible. Comment, en effet, ne pas donner du crédit à l’expression qui dit qu’un « ancien très grand joueur ne fait pas nécessairement un grand entraîneur » quand une légende comme Thierry Henry a échoué avec les deux équipes qu’il a eues sous ses ordres ? L’erreur n’est pas permise, mais les signaux paraissent cependant au vert.

D’abord, car il arrive tôt. Sa signature est intervenue le 14 novembre 2019. La saison de MLS n’a tiré son rideau que quatre jours avant son arrivée. Thierry Henry a donc trois mois avant de se lancer dans les joutes continentales, en Ligue des champions de la CONCACAF, puis en MLS quelques jours plus tard. Il n’y a, certes, pas de temps à perdre. L’effectif est à remodeler et il lui faut apprivoiser le club. Les opérations ont cependant été menées avec entrain  dès l’ouverture du mercato. Daniel Lovitz, qui avait la tête ailleurs une bonne partie de la saison 2019 a été envoyé à Nashville contre 100 000$ et une place internationale ; Victor Cabrera a fait ses valises pour Houston tandis que l’ailier international hondurien Romell Quioto a fait le chemin inverse. Certaines options, comme celles de Nacho Piatti, Samuel Piette, James Pantemis, Mathieu Choinière, Clément Bayiha, Amar Sejdic et Shamit Shome ont été exercées. Saphir Taïder est aussi devenu officiellement un joueur de l’Impact en provenance de Bologne.

UN DUO QUI SE FORME

Ces mouvements, aussi attendus que nécessaire après une année 2019 pénible, marquée par le renvoi incompris par beaucoup de Rémi Garde et un intérim furtif de Wilmer Cabrera, portent la marque de l’autre homme fort du club dans le domaine sportif : Olivier Renard. Le choix de Thierry Henry, c’est lui. Il sera donc attendu au tournant.

Arrivé au club précédé d’une réputation flatteuse, notamment dans sa capacité à trouver de très bons joueurs à moindres frais, il a assuré que le passage de son coach à l’Académie d’Arsenal avait beaucoup pesé dans son choix. La volonté de l’Impact de profiter des produits de l’académie ou des jeunes issus de la Superdraft, annoncée depuis plusieurs années et aperçue déjà sous l’ère Rémi Garde, est donc maintenue. Les levées d’options de contrat précédemment citées ne font que le confirmer. Thierry Henry n’avait d’ailleurs pas hésité lors de son bref passage à Monaco à lancer quelques jeunes.

Sur le papier, les prémices de la collaboration entre Olivier Renard et Thierry Henry donnent également l’impression d’une grande cohérence. Quarantenaires et dotés de profils complémentaires, les deux nouveaux hommes forts de l’Impact ont aussi souligné à maintes reprises leur proximité quant à la philosophie de jeu. Ils prônent un jeu offensif, spectaculaire, tout en ayant conscience qu’il faudra parfois se montrer pragmatique dans une ligue d’une grande homogénéité dans les façons de jouer.

L’arrivée de Kevin Gilmore à la présidence en 2019 avait pour but de donner une nouvelle voix publique et de faire entrer l’Impact dans une stratégie marketing plus ambitieuse et plus rémunératrice. À L’orée de la saison 2020, c’est donc sur le terrain que la révolution s’opère, afin d’aller conquérir des titres et d’offrir un spectacle plaisant. Dans les coulisses, il est aussi question de ne plus avoir à subir des camouflets tels que ceux de Harry Novillo, de faire fructifier les investissements dans la formation des jeunes, et de vendre à bon prix les talents . Ces intentions devront passer l’épreuve des faits. Une chose est cependant actée : on sait désormais clairement vers qui se tourner en cas de succès comme en cas d’échec. Pour l’Impact de Montréal, c’est déjà une avancée majeure.